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L’art Congo, aux sources de la culture du Panama

Par Guillaume Bur

En évoquant le Congo, on pense spontanément à la RDC, cet immense pays d’Afrique tropicale, théâtre d’une des premières aventures de Tintin. Cette dénomination représente pourtant bien une culture très importante chez les communautés afro-caribéennes du Panama, dans une région qui s’étend grosso modo entre Colon, le Lac Gatun et Portobelo.

Pourquoi l’art Congo au Panama ?

Lors de son quatrième voyage, en 1502, Christophe Colomb pose le pied dans la baie de Portobelo, sur la côte Caraïbe du Panama. Très rapidement Portobelo, par sa position géographique, devient un des centres névralgiques du commerce « des Indes ». En effet, l’or du Pérou et l’argent de Bolivie convergeaient vers Panama City via l’océan Pacifique, avant d’être difficilement transportés à travers l’isthme jusqu’à Portobelo, d’où les bateaux partaient en direction de l’Espagne.

L’activité explosait notamment durant la foire annuelle de Portobelo, 40 jours, un rendez-vous à ne pas manquer pour les commerçants, mais aussi les pirates et les corsaires. Henry Morgan, le plus fameux des corsaires a régulièrement fait ses emplettes sur place avant de s’attaquer à Panama City, pour un maigre butin cette fois-ci... Cette prépondérance dans le marché colonial et l’importance de la piraterie justifient l’implantation dans la baie de Portobelo, ainsi que les trois forts (San Jeronimo est le plus fameux), censés garder la ville.



Seulement ce commerce n’a pu se développer sans le soutien d’esclaves, amérindiens ou africains. Ainsi, les premiers Africains ont débarqué au Panama en 1514 pour travailler dans l’agriculture. Puis, c’est un véritable commerce négrier qui s’est mis en place à partir de 1523 avec des hommes venus généralement du Golfe de Guinée, notamment d’Angola, du Cameroun, de Guinée et du Congo. Il s’agit du fameux commerce triangulaire auquel ont grandement participé les armateurs français.

Malgré les conditions difficiles, l’évangélisation, et l’origine dispersée des esclaves, ces derniers sont parvenus à maintenir leurs traditions et à développer une culture typique, fruits des divers mélanges et du contact avec les populations locales.

Suite à de nombreux soulèvements, des villages autonomes (appelés palenques) et dirigés par des représentants noirs ont vu le jour. En 1607, un traité de pacification a offert quelques libertés supplémentaires qui ont permis à cette nouvelle culture de se développer.

Une danse

Cette culture, au delà d’une langue qui mélangeait les dialectes africains avec l’espagnol, le français, l’anglais ou le hollandais, se définit surtout par la danse. Une expression violente et érotique agrémentée de mimiques et de représentations théâtrales rappelant la traite et le commerce des esclaves mais aussi les révoltes.

Dès les premiers palenques, ces afro-caribéens se réunissaient pour danser et se moquer des colons européens, ainsi que pour se rappeler leurs traditions venues d’Afrique.

De la même manière, ces danses remettaient en cause l’ordre divin promu par les évangélistes qui promettaient le diable aux mauvais croyants. Et comme dans beaucoup de cultures, le diable dans la danse Congo représente les colons.



Pour le rythme, il existe trois types de tambours. En revanche, aucune chorégraphie ne s’est imposée. Les mouvements sont propres à chaque homme et femme, résultant de mouvements spontanés et intuitifs. Les couples tachent seulement de bouger de manière synchronisée.

Habituellement, les femmes se déhanchent tranquillement et invitent leur prétendant en remuant le double de leur jupe. L’homme s’approche alors pour entamer une danse en commun mais il n’est pas rare que cette invitation soit un leurre et que la femme s’échappe finalement dans une autre direction.

Les femmes revêtent la pollera, un habit traditionnel panaméen, et les vêtements s’avèrent généralement tres colorés, pour représenter la beauté de la nature.



Festival Diablos y Congos

Le festival des Diables et Congos représente la meilleure occasion pour découvrir ces traditions. Il se déroule généralement sur une journée un samedi du mois de mars.

Ce festival existe seulement depuis 1999 grâce au groupe Realce Histórico de Portobelo qui souhaite faire perdurer les traditions congos, notamment les danses rituelles des congos et des diables.

Des danseurs et des diables affluent donc de toute la région pour se produire ce jour là. Des artisans profitent de l’événement pour présenter leurs créations, vêtements et masques et d’autres peuvent présenter leurs propres danses, chants ou expositions photographiques.

Aujourd’hui, le festival est organisé par la fondation Portobelo et le groupe Realce Histórico de Portobelo, avec l’appui de l’Autorité de Tourisme du Panama et l’Institut national de la Culture.

Culture Congo et Peinture

La culture Congo vit aujourd’hui au travers des nombreux peintres de la ville de Portobelo. Les hôtels Otro Lado, Casa Congo et Casa Brujo utilisent les œuvres de ces artistes locaux pour décorer leurs chambres et créent ainsi un environnement typique, merveilleux et très colorés.

Pour découvrir différentes œuvres et photographies, rendez-vous à la Casa Congo qui dispose d’une grande galerie ou mettez-vous directement en relation avec la Fondation Portobelo.



- Pour découvrir Portobelo, la culture Congo mais aussi les autres facettes du Panama, reportez-vous sur notre circuit Panama Multicolore.